Le site des Echos publie aujourd'hui une note de leur rédacteur Bruno Trévidic sur l'avenir du trafic aérien. On apprend que l'optimisme est de mise puisque, je cite : "Rien ne semble pouvoir arrêter la croissance du trafic aérien sur les vingt prochaines années".

En effet, le doublement du trafic mondial est assuré d'ici 2037. Seules ombres à ce tableau réjouissant, la Chine deviendra le premier marché aérien mondial, au détriment des Etats Unis et de l'Europe, et le Brexit menace fortement la croissance du trafic européen. Pas un mot sur les impacts environnementaux et climatiques d'un doublement du trafic. Parlons au moins des émissions de CO2. Soyons pleinement rassurés, l'objectif officiel est de : "réduire les émissions de CO2 de l’aviation pour atteindre la croissance neutre en carbone du secteur en 2020". On pose le cabin bag et on applaudit bien fort ! M. de Juniac, directeur général de l’Association du Transport Aérien International (IATA) nous explique : « L’aviation est à l’avant-garde des industries dans la gestion de son empreinte carbone. En plus de compenser les émissions au moyen du CORSIA, les compagnies aériennes travaillent pour améliorer les technologies ». On a bien compris que l'essentiel repose sur le CORSIA, le reste étant la cerise sur le gâteau. Comme l'explique le site aerobuzz, le CORSIA est : " la variable d’ajustement qui va permettre à l’aviation civile d’atteindre les objectifs environnementaux qu’elle s’est fixée". Simple détail, le CORSIA consiste à acheter des "unités d'émission" auprès de "programmes de compensation carbone". Alors là, on arrête d'applaudir. Parce qu'il devient évident que l'objectif réel est de trouver des astuces pour continuer le "business as usual" alors que l'urgence de décarboner nos modes de vie est extrême. Même en supposant que la compensation soit effective, il faut comprendre que celle-ci permet, dans le meilleur des cas, de contenir nos émissions de CO2 dans l'atmosphère alors qu'il est impératif de les réduire. Les clauses de validation d'un projet de compensation sont particulièrement vagues et difficiles à identifier, de la plantation d'arbres qui absorberont du carbone dans plusieurs décennies au financement de digesteurs à biogaz en Chine, alors que l'émission de CO2 générée par un voyage en avion est immédiate et irréductible. Il faut savoir qu'un aller-retour Paris-Venise en classe économique émet plus de 200 kg de CO2 par passager, contre moins de 20 kg par le train.